Pour les compagnies aériennes européennes, l’heure est aux grandes manoeuvres et le monde du transport aérien s’est une nouvelle fois agité mercredi lorsqu’Air France-KLM a laissé passer la date limite pour le dépôt d’une offre sur Austrian Airlines, tandis que Lufthansa s’est retirée des discussions sur le rachat de TUIfly.
Avec British Airways, Air France-KLM et Lufthansa font figure d’ogres dans un marché européen en voie de recomposition, leurs homologues de plus petite envergure n’ayant souvent d’autre choix que d’être rachetés ou disparaître.
Les incertitudes planant sur le rachat d’Austrian ont fait plonger le titre de la compagnie autrichienne, qui a clôturé mardi sur une chute de 30,15%.
Mardi, Air France-KLM a invoqué le contexte économique et financier pour justifier l’absence d’offre ferme, mais n’a pas dit pour autant qu’elle renonçait à un rachat d’Austrian.
Selon une source proche du dossier, Lufthansa a fait une offre sur Austrian mais Die Presse rapporte que la compagnie allemande aurait demandé du temps pour consulter des documents auxquels elle n’aurait pas eu accès.
Par ailleurs, Lufthansa a décidé de ne pas fusionner sa filiale Germanwings avec la compagnie à bas coûts TUIfly, propriété de TUI.
PARTIE D’ÉCHECS
Si Air France-KLM faisait une offre de dernière minute sur Austrian Airlines ou jetait son dévolu sur Alitalia, Lufthansa pourrait répliquer en se développant à l’Est ou sur les lignes italiennes afin de contrer les efforts déployés par le franco-néerlandais.
“Si Lufthansa laisse Alitalia tomber dans les mains d’Air France, Air France récupérera les problèmes d’Alitalia et Lufthansa sera en bonne position pour poursuivre son propre développement, en particulier sur le hub milanais de Malpensa”, commente Per-Ola Hellgrenn, analyste de LBBW.
Les deux groupes risquent de devoir jouer une partie d’échecs dans laquelle chaque prise de décision doit tenir compte des mouvements hypothétiques de l’adversaire.
“Il faut accepter que si on prend une décision X, le concurrent choisira la voie Y. Cela donne un certain nombre de combinaisons possibles”, poursuit Hellgren.
Selon certains analystes, Air France et Lufthansa pourraient privilégier la piste Austrian Airlines parce qu’elle offre l’avantage de leur assurer immédiatement le contrôle d’une compagnie aérienne.
“Austrian Airlines n’est pas un cas désespéré, ils ont juste échoué dans leur positionnement ces deux dernières années”, explique Christopher Kummer, président d’un institut zurichois qui s’occupe de fusion-acquisitions.
British Airways pourrait en revanche passer du statut de prédateur potentiel à celui de proie. Mercredi, l’action de la compagnie britannique a clôturé en hausse de 4,3%, dans un contexte boursier largement baissier, sur des rumeurs faisant état d’un intérêt de Cathay Pacific, un transporteur Hong-Kongais.